Hélène a choisi d’orner ses côtes d’un tatouage plein de symboles, entre références littéraires et personnelles, réalisé par Jef Palumbo, un des fondateurs du salon La Boucherie Moderne à Bruxelles (qu’il a quitté depuis).
Le projet
inKin : D’où t’es venue l’idée de ce tatouage ?
Hélène : J’avais déjà plusieurs petites pièces, et j’avais toujours voulu une grosse pièce. J’ai craqué sur le travail de Jef Palumbo, ce qu’il fait est magnifique, ça correspondait exactement à ce que j’avais envie de porter. Je l’ai contacté à peu près 6 mois avant, pour voir ce qu’il pouvait me proposer, et j’ai bien aimé sa démarche. Il m’a demandé de parler de moi, de ce qui comptait dans ma vie, qui j’étais, ce que j’aimais… Je lui ai écrit un très très long mail où je détaillais tout ça, avec plusieurs textes littéraires, parce mon tattoo est construit autour de la littérature et de l’imprimerie. C’est en référence à mon boulot, je suis bibliothécaire : même si je suis spécialisée dans le cinéma, ma formation d’origine, c’était quand même les livres, et je lis énormément. Ce sont surtout des textes que j’ai lus étant enfant, notamment Alice au Pays des Merveilles, mais aussi des citations littéraires, un extrait d’une chanson d’Alex Beaupain, une référence à un épisode de Doctor Who… Je lui avais demandé d’y inclure un cœur anatomique, parce que j’aimais bien ses pièces anatomiques, et aussi parce que l’amour tient une place importante dans ma vie, j’ai plein de passions et d’activités différentes, et aussi plein d’amoureux et d’amoureuses. Ça permet de symboliser cette facette de ma personnalité sans être trop explicite, d’autant plus que j’apprécie beaucoup l’univers des planches anatomiques. J’avais envie d’un tatouage autour d’une tâche d’encre, un peu déstructuré, ça correspond bien à mon côté bordélique.
I : Comment est-ce que vous avez construit le projet ?
H : Il se trouve qu’il n’a pas lu le mail que je lui avais envoyé… Donc je me suis retrouvée dans le train pour Bruxelles, avec un message qui me disait qu’il n’avait pas eu le temps de vraiment lire tout ça, que ça lui paraissait un peu compliqué, et qu’on verrait le jour J. Ça a été un gros moment de stress, c’était mon premier tatouage aussi important et je me déplaçais loin pour le réaliser (de Strasbourg à Bruxelles)… Je suis arrivée au salon deux heures avant le tatouage, on est allés boire un café et on en a discuté. Et finalement, il a dessiné le tatouage tout de suite après, et on a pu attaquer. Il a beaucoup simplifié mon projet, il a sélectionné des extraits, en prenant les éléments importants de chaque texte, quelques phrases courtes. En fait, il a découpé les textes que je lui avais envoyés, et il en a fait une image, comme un calligramme. Chaque phrase constitue une feuille de la tige du cœur-pomme, on pourrait même imaginer en ajouter d’autres plus tard. Il a aussi joué avec des écritures en miroir, des lettres un peu éclatées. C’était assez impressionnant, le processus de création a été très rapide. Il a expliqué qu’il n’aime pas travailler sur des dessins créés des mois à l’avance, qu’il préfère faire le dessin et le tatouage dans la foulée, pour l’avoir bien en tête au moment de tatouer.
© Aurélien Jena Photo
Les séances
I : Comment se sont déroulées les séances ?
H : Il pique très rapidement, mais de manière très douce. On a mis 3h30 et j’en ai eu pour 500€. Tout le monde m’avait dit que ce serait abominable à cause de l’emplacement, mais en fait pas du tout. Il y a eu certaines zones un peu difficiles, notamment entre les côtes, mais honnêtement, j’ai été très agréablement surprise. Ça m’a beaucoup chatouillée par contre, à tel point qu’il a fallu me tenir à certains moments, parce que je rigolais trop ! La position était fatigante, ce n’est pas très agréable d’être sur le flanc, d’autant plus que j’ai des problèmes d’épaule, mais à part ça c’était top, l’équipe est sympa et l’ambiance était géniale.
La suite
I : As-tu d’autres projets avec ce tatoueur ?
H : En fait, ce tatouage n’est pas terminé. A la base c’était un diptyque, donc il manque la seconde partie, qui sera en violet. Le projet fini ressemblera à deux images, une en noire et une en couleur, qui auraient été décalées à l’impression. Cela fait plus de trois ans maintenant, c’est un vrai chassé-croisé, on n’arrive jamais à trouver un moment pour le terminer… J’espère qu’on aura un créneau d’ici la fin de l’année, même si j’aime bien l’idée que ce soit un projet en suspens. Une fois qu’on aura terminé ce tatouage, je ne pense pas que j’aurai une autre pièce de Jef, même si j’adore celle-là. Je suis un peu dans la collection, j’envisage mes tattoos comme une espèce de galerie personnelle, dans laquelle j’aime bien avoir des pièces de tatoueurs différents. J’ai des tatouages de styles très variés, je pense que la cohérence vient de la personne qui les porte.
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