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Les coquelicots réalistes d’Anne par Street Tattoo

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Anne aime les fleurs, et pour sa première grosse pièce, elle a frappé fort, avec ce magnifique tatouage très coloré.

Le choix du motif

InKin : Comment as-tu choisi le motif de ton tatouage ?

Anne : J’avais une idée arrêtée sur le thème mais pas sur le style, ça me trottait dans la tête depuis des années en tâche de fond. Entre le moment où j’ai vraiment commencé à chercher et le moment où je me suis fait tatouer, il a dû se passer 18 mois. L’idée première, c’était de me faire tatouer des pivoines, c’est une fleur que j’adore dans la nature, que j’ai toujours aimée. A 45 ans, je pense que je savais assez ce que j’aimais depuis longtemps, et qui n’allait pas changer, puisque le but c’était que je ne change pas d’avis dans 5 ans.  J’avais vu de beaux tatouages sur internet, plutôt dans le style japonais, mais tout en me disant que je voulais plutôt une fleur réaliste.

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Le choix du salon

IK : Comment es-tu arrivée chez Street Tattoo ?

A : J’ai regardé un peu partout sur internet, je tapais « tatouage fleur pivoine » sur Google Images et je remontais au tatoueur ensuite. Je cherchais quelqu’un qui ait déjà fait ce genre de tatouage, je ne me suis pas dit qu’un bon tatoueur pouvait tatouer tous les styles, qu’il y avait aussi des généralistes, je cherchais un spécialiste. Je suis aussi entrée un peu au hasard dans des salons de tatouage… Je croisais un salon sur mon trajet de bus et j’entrais pour voir. J’ai dû faire 3 ou 4 salons comme ça, à la sauvage. Ensuite, je suis allée demander conseil à quelqu’un de mon entourage [Liuw de l’équipe inKin], qui connaissait un peu le sujet (rires).

IK : Et je t’ai envoyée dans un salon où je n’avais jamais mis les pieds, ça c’est du conseil de qualité ! (rires)

A : Je suis donc allée chez Street Tattoo, et j’ai suffisamment discuté avec eux pour voir que sur mon projet, ça allait matcher.

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Le choix du tatoueur

IK : Une fois là-bas, pourquoi as-tu choisi Klaim ?

A : On a parlé du projet, qui leur plaisait parce que c’était une grande pièce et qu’ils aiment les détails, et aussi parce qu’ils aiment bien le style réaliste. Ils n’en avaient jamais fait, et comme c’était un salon récent qui était en train de se faire une réputation à l’époque, c’était aussi une manière de se faire une vitrine. J’ai eu un rendez-vous rapidement, alors que je n’étais disponible que les week-ends, parce que ce n’est pas du tout à côté de chez moi.

 

La collaboration

IK : Comment le dessin a-t-il évolué au fur et à mesure des séances ?

A : J’avais déjà choisi l’emplacement, sur le bras gauche. La taille a un peu évolué, au début j’étais partie sur une fleur, de la taille de la main. Une chose en entraînant une autre, on en a rajouté, jusqu’à peu près 2 fois et demi la taille de la main… et j’aurais même pu en faire une ou deux en plus si j’avais eu envie d’aller plus loin, mais c’était bien d’en rester là. Sur le motif en lui-même, quand j’ai parlé de la pivoine réaliste au tatoueur, il m’a fait remarquer que dans le style réaliste, ça allait faire une grosse masse, puisque la pivoine c’est une grosse boule, une sphère, donc si on la représente comme sur une photo, on ne peut pas avoir beaucoup de détails. Du coup, on a cherché d’autres fleurs qui me plaisaient : les roses, c’était assez commun, et il se trouve que j’adore les coquelicots, donc on est parti là-dessus, on a changé les couleurs, et voilà : 3 coquelicots « papaver orientalis ». J’ai choisi la couleur du premier, et ensuite on a choisi les couleurs des deux autres par rapport à la couleur du premier. Je n’étais pas complètement convaincue par le violet que je trouvais très pastel, je serais vraiment partie sur du rouge, mais je n’ai pas eu gain de cause (rires). A chaque fleur qu’on a rajouté, c’était un peu le bras de fer avec le tatoueur : il avait des bonnes idées, et heureusement qu’il me les a données, mais il avait aussi des idées assez arrêtées sur pas mal de choses, donc c’est le résultat d’une négociation.

IK : Et tu le vis bien, que ton tatouage soit le fruit d’une négociation plutôt qu’un coup de cœur ?

A : Il y avait beaucoup de temps de recherche à chaque séance, par exemple pour les couleurs. Sur le coquelicot du milieu, il y a 20 nuances d’orange. La première séance, il y a dû y avoir 2 heures de discussion et de recherche, pour nous mettre d’accord, et ensuite 3h30 de tattoo. Je ne me serais pas laissée faire pour quelque chose qui ne m’aurait pas plu. Tout ce sur quoi j’ai cédé, je me suis dit que si je tenais à le faire, ça pouvait toujours être fait plus tard. Les arabesques notamment, je les aurais bien vues en vert, comme un feuillage, mais le tatoueur n’a vraiment pas voulu le faire, donc ça sera peut-être pour une autre fois.

IK : A quel moment est-ce que tu as décidé que ton tatouage était terminé ? En construisant le dessin au fur et à mesure et en ajoutant une fleur à chaque fois, ça aurait pu finir par recouvrir l’intégralité de ton bras !

A : Quand ça a commencé à aller jusqu’au haut de l’épaule et à toucher au coude, je me suis dit que pour un premier jet, on allait s’arrêter là. Je voulais voir comment je me l’appropriais, et il se trouve que j’ai un mari dont je suis très amoureuse depuis très longtemps, il ne fallait pas tout bouleverser d’un coup non plus. Bon, il adore les fleurs et le côté réaliste c’était aussi pour lui, pour avoir une vraie fleur qui existe avec un nom latin et tout ce qu’il faut.

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Les séances

IK : Combien de temps pour cette pièce ?

A : 17 heures plus une petite heure de retouches, en tout. Première séance en février, dernière séance en avril, et les retouches en juin, donc ça s’est étalé sur 5 mois en tout. Il y a eu 15 jours entre la première séance et la deuxième, c’était pas facile d’enchaîner aussi vite ! Mais je n’ai pas eu beaucoup de croûtes, je l’ai emballé tout le temps et j’ai utilisé une crème bio, un genre de cire, qui fonctionnait bien, qui était agréable à étaler… et la boite était sympa (rires).

IK : Côté tarif, ça a donné quoi ?

A : J’ai payé 1200€ au total.

IK : Et côté douleur ?

A : Il n’était pas doux du tout, j’étais vraiment plus un support pour le tatouage qu’une personne. J’ai beau être dure à la douleur, j’ai eu super mal. Quand il y avait trop de sang, il frottait avec un genre de sopalin, donc après 3 ou 4 heures de boulot, mon bras ressemblait à du steak haché. Et le lendemain, j’avais mal aux mâchoires, à force d’avoir tellement serré les dents. Après la première séance, j’étais un peu vaseuse donc j’ai eu le droit à un sucre avec de l’alcool de menthe dessus, et quand j’ai demandé si je n’étais pas trop chochotte, il m’a répondu : « Tu vois, le mec là, avec cette grande tête de mort dans le dos ? Bah il a pleuré. » (rires) Par contre, j’ai détesté m’en occuper après, les soins : ça a beaucoup dégorgé, j’ai tâché plein de fringues… Il a fallu beaucoup d’encre, après deux ans et demi j’ai encore des zones en relief ou irrégulières, j’ai même un endroit où la peau s’est abîmée, ça fait comme une zébrure qui rajoute du blanc, ça se fond bien dans le dessin, cela dit. Ce n’est pas le souvenir le pire que j’aie hein, j’ai eu deux enfants (rires) !

IK : Une anecdote sur la séance ?

A : Ils font super gaffe à l’hygiène, on était complètement emmaillotés dans le film plastique : moi, les machines, la chaise… et en même temps le tatoueur avait un discours plutôt anti-médicaments, le contraste était plutôt marrant.

 

La suite

IK : 45 ans pour une première grande pièce, c’est plutôt rare, comment a réagi ton entourage ?

A : Ça va hein, vous ne serez pas toujours jeunes et belles, les filles !

IK : Oui mais à ton âge, on aura des vieux tatouages, pas des tatouages tout neufs (rires) !

A : En fait, ce qui me gênait de plus en plus, c’est que contrairement à quand j’étais jeune, j’avais une apparence assez lisse qui ne correspond pas vraiment à ma personnalité, j’ai toujours eu l’impression d’être un peu punk à l’intérieur. J’ai des références européennes sur la partie tatouage, dans le sens où en Europe ça renvoie plutôt à des rebelles, des mauvais garçons, donc ça me plaisait bien. J’ai tout de suite eu l’impression de l’avoir toujours eu, alors que je l’ai fait assez tard. Je suis toujours super contente de le voir, il est réussi.

Mon mari l’a super bien accepté, mes deux ados aussi. Comme souvent quand je fais un truc un peu inattendu comme ça, ils m’ont dit que j’étais bizarre. Mes parents, c’est plus compliqué, ma mère m’a toujours dit qu’il fallait être incolore et inodore, donc depuis que j’ai 3 ans je sais que je ne pourrai pas être comme ça (rires). Pour mon premier tatouage, que j’avais fait en 1991, elle m’avait demandé tout de suite si avec une brosse et de l’eau de javel, on ne pouvait pas l’enlever, et là, elle était tellement blasée que ça a été un non-événement, alors que j’appréhendais un peu. Au boulot, je fais attention, je le masque quand je suis en externe ou avec des gens que je ne connais pas, parce qu’une fois, en réunion avec un prestataire, j’avais complétement oublié de mettre des manches longues, et un des participants est resté focalisé dessus pendant toute la réunion, je pouvais dire ce que je voulais, il n’écoutait pas. Ça peut déconcentrer les gens, et je n’ai pas toujours envie de renvoyer cette image qui renvoie à un côté rebelle, donc je m’adapte. Il faut dire qu’il n’est pas difficile à cacher, c’est aussi pour cela que je voulais cet emplacement-là. Quand je connais mieux les gens, je le découvre, et en général ils sont étonnés, mais ça ne change pas l’opinion qu’ils ont de moi. Et sinon mes deux adolescents veulent se faire tatouer, c’est bien sûr hors de question (rires), notamment parce que quand j’étais au salon, au moins 40% des gens se présentaient pour recouvrir un autre tatouage. La question que je leur pose à chaque fois qu’ils me parlent de tatouage c’est : « Qu’est-ce que tu aimais déjà il y a 5 ans que tu aimes encore aujourd’hui ? », et en fait il reste rien, aucun groupe, aucun film, quelques copains. A 16 et 20 ans, ils changent tellement vite, donc autant qu’ils attendent encore un petit peu.

IK : Est-ce que tu as d’autres tatouages de prévus ?

A : Si on était dans le monde des Teletubbies, je m’en ferais bien un sur le visage. Sur la tempe, le début de la joue, la pommette, l’oreille. Je ferais des fleurs aussi. Comme Mike Tyson, mais des fleurs ! (rires) Et sinon, j’aimerais bien continuer le bras, toujours dans le même thème, et que ça gagne au fur et à mesure sur le bras. Même dans le monde des Teletubbies, je ne serai jamais toute recouverte, parce que je trouve qu’ils y a des emplacements qui ne s’y prêtent pas, notamment chez la femme, genre le ventre, les cuisses, les fesses… quoique, c’est vraiment un a priori ! Le cou ou la gorge, la peau me paraît trop fine, je crois que j’aurais des appréhensions. Mais un de ces quatre, je ferais le bras… enfin, un de ces quatre, on verra (rires).

IK : Merci Anne !

Plus d’informations sur le salon Street Tattoo.

Et vous, quelles fleurs pourraient vous faire craquer ?

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