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Interview – Chimaera, apprentie tatoueuse

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Vous vous êtes toujours demandé comment on devient tatoueur ? Vous voudriez devenir tatoueur ?

inKin a rencontré Chimaera, apprentie tatoueuse depuis 7 mois, pour comprendre un peu comment cela se passe.

inKin : Depuis quand t’intéresses-tu au tatouage, et quand as-tu décidée d’être tatoueuse ?
Chimaera : Je me souviens avoir croisé pendant un voyage à Londres une punk avec une grosse crête bleue et plein de tatouages, je devais avoir 6 ou 7 ans. A 16 ans, j’ai décidé que ce serait la seule chose que je ferai de ma vie, donc c’est mon projet depuis 7 ans. Je suis fascinée par l’évolution récente du tattoo, le milieu bouge vite. Il s’ouvre aux filles, avant pour être tatoueuse, il fallait en avoir, c’était à la dure. C’est toujours plus difficile pour une fille, mais c’est possible.

I : Pour toi, ça s’est passé comment ?
C : En 2007, je suis partie pour l’Ile Maurice pour faire un apprentissage chez un tatoueur, j’avais 16 ans. Il m’a formé surtout sur l’aspect hygiène, ça m’a aidée pour la suite. Je n’ai pas eu de formation graphique à proprement parler, j’ai fait une seconde arts appliqués dans un établissement privé, et après je suis partie pour l’Ile Maurice. J’ai été graphiste et photographe à l’Ile Maurice, puis je suis rentrée après 3 ans. C’est au retour que j’ai découvert le shop où je fais mon apprentissage actuel, une copine s’y faisait tatouer. J’y ai traîné pendant une semaine, à observer les gens se faire tatouer, et survie oblige, j’ai dû enchaîner pas mal de jobs alimentaires, le temps de stabiliser ma situation.

I : Comment t’es-tu décidée à te lancer pour de bon ?
C : C’est un ami qui m’a dit de me lancer, de préparer un book et un apprentissage. J’ai tatoué quelques personnes, 4 ou 5 amis proches, et j’ai trouvé mon apprentissage chez Needle Park Tattoo à Colombes (92), il y a 7 mois.

I : Comment définis-tu ton style ?
C : J’ai toujours dessiné, beaucoup. En tatouage, mon style est graphique, j’utilise les techniques du dot (dessins à base de points) et du woodcut (dessins à base de rayures, comme dans les gravures anciennes). Mon style est relativement stabilisé depuis 5 à 6 ans, autour des thèmes des animaux, des végétaux, de symboles ésotériques. Je travaille avec peu de couleurs, au maximum une par tatouage, du rouge ou du bleu. Mon style évolue par rapport à ce que je peux voir, je suis encore jeune, ça évolue en même temps que moi, mon point de vue sur les choses changent. D’une manière générale, cela dépend de ce que mes clients me demandent, mais ils viennent me voir essentiellement pour ces thèmes, et pour les techniques du dot et du woodcut, c’est ce que j’aime travailler.

I : En quoi consiste ton apprentissage ?
C : Je pense que j’ai le maître d’apprentissage le plus cool de l’univers. Je dois faire l’accueil, la prise de rendez-vous, et je fais mes tatouages. Il n’a pas besoin d’être derrière mon dos, je pose des questions quand j’en ai à poser, j’observe, et j’apprends comme ça. C’est très intéressant parce qu’il touche à tout, il fait à peu près tous les styles. Il m’a conseillé sur beaucoup de choses, il m’a aidé à prendre confiance en mon travail. Je crois que le pire truc, c’est fixer des prix ! Ma plus grosse pièce à ce jour, elle faisait à peu près 20 cm sur 20 cm, sur le haut du bras. Mais j’ai autant de plaisir à faire une grosse pièce qu’une petite, c’est pas le plus important.

I : Combien de temps dure un apprentissage ? Comment sait-on que c’est fini et qu’on est prêt ?
C : ça dépend des gens, je pense, ça varie, peut-être entre un an et demi et trois ans. Il y a tellement de choses à apprendre, les différentes techniques, les différentes parties du corps. Je crois que c’est les autres qui savent quand on est prêt, en fait… Ton patron, tes clients, qui te poussent à te lancer seul.

I : Quand on commence à tatouer, il parait qu’on s’entraîne à piquer pas mal de choses bizarres…
C : Ah oui, c’est plutôt original ! J’ai tatoué des oranges, des clémentines, des pamplemousses… une vraie salade de fruits ! Je n’ai pas fait les traditionnels pieds de porc, parce que je ne supporte pas la viande, même si je dessine beaucoup d’animaux morts. Ensuite, on passe aux vrais gens, en commençant par les proches, les fidèles amis, et là, ça se complique ! La peau humaine c’est vivant, ça évolue, chaque partie du corps a sa spécificité, les personnes aussi sont différentes, on doit savoir s’adapter à toutes les situations. Aujourd’hui, je sais qu’il y a des zones que je maîtrise, et d’autres que je commence à comprendre. Pour le dessin, j’ai la base, j’ai déjà mon univers.

 

I : Le rôle de tatoueur, ça aussi ça s’apprend ?
C : Je suis très introvertie, presque agoraphobe, mais quand je reçois une personne au shop, je fais tout pour qu’elle se sente bien, qu’elle passe un bon moment. On est là pour offrir des bons souvenirs aux gens. Le fait de les marquer à vie, je ne sais pas, je m’en rends pas vraiment compte, je crois, je n’y pense pas. Peut-être parce que quand c’est moi qui me fait tatouer, cette idée de se faire marquer à vie ne me pose pas de problème particulier ? ça fait plaisir de savoir qu’on nous fait confiance, mais à part ça, je ne réalise pas vraiment. J’ai fait les premiers tattoos de plusieurs de mes amis, ils ont attendu que je sois prête pour les faire, je trouve ça assez incroyable. Humainement, c’est très gratifiant.

I : Et le fait de faire mal aux gens quand tu les tatoues, est-ce que tu y penses ?
: Pendant une période, j’y ai beaucoup pensé, surtout depuis que je tatoue des gens que je ne connais pas. Est-ce qu’il faut tenir compte de la douleur, ou est-ce qu’il faut passer outre ? Maintenant, je sais que ça fait partie du jeu, que ce n’est pas vraiment le sujet. Quand c’est le premier tatouage pour la personne que je pique, j’y vais tranquillement, avec juste une ligne, et on vérifie que ça va bien, avant de continuer.

I : Et pour la suite, tu prévois quoi ?
C : Il faudrait que dans un an à peu près, je sois prête à devenir tatoueuse, pour de bon. Mon ambition, c’est de voyager, et de tatouer des gens un peu partout autour de la planète.

I : Merci Chimaera, c’est tout le mal qu’on te souhaite 😉

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